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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 17:37

l y a quatre ans, nous avions plongé dans les archives pour comprendre comment vivaient les Béthunois en 1914, peu avant la guerre. Allons voir à quoi ressemble la vie du printemps à l’été 1918. De l’évacuation à la destruction.

Le 12 avril à 9 h 15, c’est le choc : l’ordre d’évacuation tombe par lettre du sous-préfet. Les habitants sont sommés de partir à 5 h du soir : les élus ne voulaient pas signer cette injonction, mais c’était refuser l’inévitable. «  Alors commence l’exode de nos malheureux concitoyens qui montrèrent tant de courage sous les bombardements incessants, ne songeant pas malgré le péril continuel à quitter leur ville qu’ils aimaient tant et qu’ils habitèrent jusqu’à la dernière minute.  »

Les Béthunois emportent un peu de linge et de victuailles. Le lendemain, c’est la mairie qui s’installe à l’école des garçons de Bruay (des lieux comme le tribunal ont déjà quitté la ville des semaines plus tôt). Béthune est évacuée de quinze jours que commence le bombardement de Bruay, le danger est trop grand, la fuite en avant continue vers l’école de filles de Camblain-Châtelain.

Le 5 mai, c’est là que le conseil municipal a lieu... avec ceux des élus dont on connaît encore l’adresse. «  Le travail incombant au personnel de mairie diminuant forcément  », explique Alexandre Morel qui fait office de maire, les élus se résolvent à ne garder que deux employés pour l’administration générale, les autres sont licenciés. Non sans un pincement au cœur, en particulier pour «  les vieux serviteurs  » qui reçoivent deux mois de traitement. «  En tout cas, ce n’est qu’une situation provisoire et chacun conserve ses droits pour le jour où les services reprendront comme par le passé.  »

Le beffroi comme une stèle

Les habitations abandonnées à la hâte sont victimes de pillages, de vols et de vandalisme. Alexandre Morel, replié à Diéval, raconte : «  Je suis souvent allé visiter ces ruines, le cœur détruit par l’émotion (...), vision épouvantable qui fait bondir de rage. Le centre n’est plus qu’un amoncellement de décombres qui recouvre les rues, semblable à une immense pierre tombale que domine comme une stèle, le beffroi lamentable qui semble attendre l’épitaphe flétrissant à jamais l’acte de sauvagerie commis par le boche exécrable. Je veille sur ces ruines, sur ce qui peut être arraché à la destruction. L’évacuation de l’hôpital est mon souci journalier.  » Sous les bombardements, sept wagons de matelas, linges et vêtements sont emportés à Fruges. Et puis, tâche pénible entre toutes, «  il faut transcrire sur les registres les décès des Béthunois morts au champ d’honneur  ». À suivre...

50 000 obus sur Béthune

À partir du 15 mai, l’artillerie allemande se déchaîne, des bombes incendiaires ravagent le centre, des obus asphyxiants empêchent toute intervention britannique. Les batteries sont installées non loin de Locon, la précision des tirs s’affine. Le 17 mai, vers 3 h 30, l’église explose : les Anglais y avaient stocké une mine... Les bombes pleuvent jusqu’au 21, l’hôtel de ville et la Caisse d’épargne s’embrasent. Pendant quatre jours, le centre n’est plus qu’un gigantesque brasier. On estime qu’entre mai et juin 1918, 50 000 obus sont tombés sur Béthune. Le centre est détruit à 90 %, les faubourgs sont touchés à 50 % « seulement » : peu d’incendies, plutôt des obus. L’église du Perroy est debout mais «  l’orphelinat et le magasin des tabacs portent des traces de projectiles divers  ».

Isabelle Mastin

( Merci à Bernard Caron, historien local, et au musée d’Ethnologie régionale de Béthune ).

Le centre-ville détruit à 90 %.

Le centre-ville détruit à 90 %.

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