uxtaposition d’affaires en tout genre, que l’information en continue sur Internet et les réseaux amplifie l’écho médiatique au détriment de la réflexion, de la vision générale et de la réflexion personnelle. De Droite, on est ulcéré des attaques contre les leaders emblématiques. De Gauche, on est outré qu’on puisse penser qu’il s’agisse de coups politiques de bas étages…. Et si vous n’avez pas les « aveuglements » des militants, ce déballage incessant d’affaires ressemble à une énième overdose de désinformations, de détournements médiatiques, pour faire oublier l’incapacité des politiques et de toutes les élites de s’occuper convenablement des affaires des citoyens.
Face à cette médiocre farce, il existe pourtant dans ce pays des signes avant-coureurs d’actions dépolitisées. A force de mettre sous forme dramatique l’actualité politique, élus et journalistes se trompent de registre. Il y a actuellement chez les élites enfin ceux qu’on nomme ainsi, un vrai manque de penser, une incapacité répétée à affronter le réel mais aussi la mise en perspective de notre société où tout est fait pour opposer, et conduire à des replis sur soi qu’ils soient identitaires, sociaux, religieux.
Le partage postmoderne et rapide du dramatique et de l’exceptionnel, est du ressort plutôt d’une farce tragique. C’est une crise de la démocratie et de régime à laquelle nous assistons. La déconnexion d’un monde politique décadent centré sur des foires d’empoigne, des guerres d’égo, des stratégies de conservation du ou des pouvoirs, et un monde citoyen confronté depuis des années à des difficultés sans perspectives de s’en sortir, va conduire à des « révoltes créatives », des mises en coopération, des coproductions de solutions…. Plus que tout autre espace, le territoire communal est ce lieu de la reconquête de la citoyenneté, de l’innovation sociale et économique.
Ce sursaut citoyen peut remettre en cause la démocratie représentative qui montre ses limites de programmes faits de promesses, de toujours plus de dépenses. Cela peut conduire aussi à des choix extrêmes pour faire « exploser » le machin. Le dynamisme collectif de base, le contrat social qui permet d’affronter en commun le destin, est mis sous « tutelle » des cercles de pouvoir qui se sont multipliés avec la décentralisation, au point qu’ils ont perdu la puissance instituante et sociétale et tournent dans le vide, au point d’être devenus impuissants. Ces cercles de pouvoir « bouffent » toute leur énergie à perdurer et régler des coups bas entre- eux. Ils sont incapables de se régénérer.
Cette situation est connue. Dans le passé, chez les Grecs anciens une critique de l’oligarchie comme système qui s’oppose aux demandes du peuple tout en se réclamant de lui est courante. La démocratie a tendance à provoquer mécaniquement, ou presque, ce type de problématiques autour du discours politique. Le système de représentation amène le thème de la trahison des représentés par les représentants. « Cette
« faille démocratique est, en théorie, gommée par le principe de l’alternance, et c’est lorsque la croyance en ce principe s’étiole que les problèmes se posent. » Michaël Foessel
La défiance impressionnante à l’égard du monde politique et des élites peut mettre en danger le pacte social et la démocratie. Tout ce qui concourt à en accentuer les effets est donc dangereux, surtout s’il n’y a plus d’espoir en une alternance crédible. Ni la Droite, ni la Gauche, ne sont aujourd’hui crédibles. Les Centres sont par nature des partis de bourgeois, plus conservateurs que réformateurs. Le politique, avec ses lois, ses programmes, ses distinctions gauche/droite simplistes, voire sa prétention à définir le bien pour les autres est dépassé.
Le vivre ensemble, « l’éprouvé en commun » se concrétise sous d’autres formes, d’autres manières.
Les élites, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire devraient apprendre à comprendre et à prendre en compte ces mouvements régénérateurs d’une espérance commune.
Il faut réinventer la France qui gagne, celle qui saura tirer profit de toutes opportunités immenses que ce monde actuel offre. C’est la coopération des citoyens, la co- production collective, les changements acceptés collectivement qui permettront à notre pays de sortir de la farce démocratique actuelle.
Et, il y a urgence, car c’est grave docteur.
Le 23/03/2014.
Serge HOUSSARD