Délais plus courts, nouveaux formulaires, hausses d'impôts... Carmen Ahumada, chef d'édition de la VO Impôts 2014, guide fiscal le plus vendu en France, détaille les nouveautés de la déclaration 2014 des revenus 2013.
En 2014, de nombreux contribuables sont déboussolés pour remplir leur déclaration de revenus. Que se passe-t-il ?
Jusqu'en 2013, il y avait une déclaration simplifiée, le formulaire 2042 S, et une déclaration normale, le formulaire 2042 K. La nouveauté est qu'à partir de 2014, il n'y a plus qu'un seul et même modèle de déclaration pour tout le monde. Ce changement complique les démarches de nombreuses personnes. Certains crédits et réductions d'impôt se trouvaient à la page 4 de la déclaration simplifiée. Maintenant, ils ne figurent plus dans la déclaration unique.
Comment déclarer ces crédits et réductions d'impôt disparus ?
Vous ne le trouverez pas dans la déclaration reçue par La Poste. Il faut se procurer une déclaration spécifique, le formulaire 2042 QE. Vous pouvez le trouver en téléchargement sur le site www.impots.gouv.fr, vous pouvez aussi le demander à votre centre des impôts. La complexité est double : les contribuables sont dans l'obligation de remplir un formulaire que la plupart d'entre eux ne connaissent pas. A cet égard, on est loin d'une simplification des démarches pour les usagers dont on entend souvent parler.
Qui est concerné par ce changement ?
Le transfert de rubrique de la déclaration simplifiée vers la déclaration spécifique concerne le crédit d'impôt développement durable (CIDD), accordé à l'occasion de certains gros travaux de rénovation du logement.
Quelle autre nouveauté à noter ?
Prenez garde si vous aviez l'habitude de remplir votre déclaration à la fin du mois de mai. Cette année, les délais pour déclarer sont plus courts ! Plus d'un contribuable sur deux déclare encore ses revenus sur papier. Il va falloir redoubler de vigilance : la date limite de dépôt est le 20 mai seulement en 2014 et non plus fin mai comme c'était le cas auparavant (le 27 mai en 2013, NDLR). Il faut faire attention : passé ce délai, comptez 10% de majoration sur l'impôt à payer plus 0,4% d'intérêt de retard par mois. Seule alternative dans ce cas, passer par la déclaration en ligne... dont les délais ont aussi été raccourcis. Quand la déclaration sur Internet a été lancée il y a une dizaine d'années, vous aviez jusqu'au 24 juin. Maintenant, c'est le 10 juin au plus tard.
S'agissant du calcul de l'impôt, la revalorisation du barème est-elle une bonne nouvelle ?
Pendant deux ans, le barème a été gelé, conduisant des personnes non-imposables à payer l'impôt sur le revenu puis, dans un second temps, des impôts locaux. Le dégel du barème est une bonne chose mais insuffisante à nos yeux. Pour aider les personnes mises en difficulté en 2012 et 2013, pourquoi ne pas avoir procédé à un rattrapage du gel sur les deux premières tranches, dont auraient bénéficié les revenus modestes ?
Vous avez également recensé des mauvaises nouvelles qui touchent des millions de foyers...
Les parents isolés, tels que les veuves, les célibataires et les divorcés ayant assumé seuls la charge d'un enfant vont être touchés par la disparition de la demi-part supplémentaire à partir des revenus de 2013. Cela concerne 3,5 millions de foyers. Du côté des retraités, les majorations de pensions accordées par les régimes de retraite de base ou les régimes complémentaires aux personnes ayant eu trois enfants ou plus sont désormais imposées. A notre avis, cette mesure touche davantage de foyers fiscaux que les 3,8 millions mentionnés par le gouvernement. Et pour 10,5 millions de salariés, la part des cotisations à une complémentaire santé payée par l'employeur est ajoutée à la rémunération imposable.
Les dindons de la farce, ce sont les salariés, les retraités, les privés d'emploi !